BAROMÈTRE SDG 2022 : LES ENTREPRISES N'ONT JAMAIS ÉTÉ SI SOUCIEUSES DE LA DURABILITÉ
Malgré la crise sanitaire, les entreprises belges ont commencé ces dernières années à accorder plus d'attention aux objectifs de développement durable des Nations unies. "C'est positif", affirment les chercheurs à l'origine du Baromètre des ODD 2022. "Mais l'intégration de ces objectifs au sein des organisations est à la traîne."
En 2015, les 193 États membres de l'ONU ont adopté un programme de développement pour la période 2015 à 2030. Il comporte 17 objectifs définis, appelés "objectifs de développement durable". Ces ODD s'appliquent dans tous les pays et à tous les peuples. L'objectif principal : mettre fin à l'extrême pauvreté, aux inégalités, à l'injustice et au changement climatique.
Pour mesurer les progrès accomplis, des chercheurs de l'Université d'Anvers, de l'Antwerp Management School et de l'UCLouvain ont compilé pour la troisième fois le Baromètre des ODD, avec le soutien de l'Institut fédéral pour le développement durable (IFDD). Le mardi 4 octobre, les résultats de l'enquête ont été présentés au SDG Forum. "Nous sommes maintenant à mi-chemin de la période prédéterminée", a expliqué le professeur Luc van Liedekerke (UAntwerpen). "C'est donc un moment important pour faire le point."
Impact limité de la pandémie de COVID-19
Par rapport au Baromètre SDG 2020, les organisations belges sont beaucoup plus nombreuses à prêter attention aux ODD aujourd'hui : de 58 à 73 %. Remarquable, car la pandémie a modifié les priorités de bon nombre d'organisations.
"Une organisation sur trois indique que le processus de durabilité a été retardé par la pandémie de COVID-19", indique le professeur Valérie Swaen (UCLouvain). "Mais il y a aussi des organisations qui n'ont fait que l'accélérer ces dernières années : elles disent l'avoir fait parce que la poursuite des ODD est essentielle pour la résilience et même la survie de leur organisation. Cette évolution montre que les ODD sont de plus en plus ancrés dans la structure de nombreuses organisations."
Le professeur Lars Moratis (AMS) ajoute. "Malgré ces signes positifs, il reste un monde à gagner. Par exemple, les résultats montrent que la plupart des organisations belges n'ont pas intégré les ODD très profondément dans l'organisation." En particulier, l'ancrage des ODD dans les activités d'éducation et de formation des organisations, les évaluations des performances (par exemple de la direction) et les systèmes de rémunération laisse beaucoup à désirer, selon les chercheurs. Par exemple, seuls 25 % des organisations ont intégré les ODD dans l'éducation et la formation de leurs cadres. Dans moins de 8 % des organisations, les ODD font partie de la rémunération des cadres.
Les Wallons sont plus réticents, mais innovent davantage
Il est intéressant de noter que les organisations wallonnes sont plus réticentes à poursuivre des objectifs de durabilité. Elles indiquent plus souvent que leurs homologues flamandes que les ODD sont difficiles à intégrer ou qu'elles les considèrent plutôt comme un obstacle supplémentaire. "C'est un problème assez courant: les ODD sont encore trop souvent perçus comme des concepts lointains et peu réalisables. Ils sont considérés comme trop abstraits et trop peu pratiques", explique M. Van Liedekerke. Parallèlement, il semble que les organisations wallonnes innovent plus durablement que leurs homologues flamandes du fait des ODD.
Moratis : "Le cadre fourni par les ODD présente en effet plusieurs inconvénients. Des tensions et des contradictions, même. Cependant, l'un des résultats intéressants de l'étude est le fait que les organisations indiquent que l'impact des ODD réside dans le caractère plus 'soft' de l'organisation. Par exemple, il semble que les ODD incitent les organisations à envisager la durabilité différemment et les aident à développer une culture de la durabilité. Il s'agit certainement d'une fonction importante d'un tel cadre."
En examinant les résultats de l'enquête, les chercheurs indiquent que le paysage des ODD en Belgique est quelque peu fragmenté. Cela pourrait ne pas favoriser la réalisation des ODD. Swaen : "Il est important de s'assurer que nous ne réinventons pas sans cesse la roue. Les organisations devraient pouvoir apprendre les unes des autres - et nous pouvons probablement organiser cela mieux que nous ne le faisons actuellement."
En définitive, comme le souligne le Baromètre des ODD, les ODD sont une histoire de progrès. À mi-chemin de l'agenda 2030 des Nations unies, force est de constater que nous sommes loin du compte. Les organisations doivent participer davantage au changement dont nous avons besoin. Pour ce faire, le programme de développement durable doit devenir plus ambitieux, inclusif et tourné vers l'avenir.
Plus d'info:
- Lars Moratis, Professor of Sustainable Business, Antwerp Management School, lars.moratis@ams.ac.be
- Luc van Liedekerke, Professor of Business Ethics, University of Antwerp, luc.vanliedekerke@ams.ac.be
- Valérie Swaen, Professor of Corporate Social Responsibility and Marketing at Louvain School of Management of UCLouvain, valerie.swaen@uclouvain.be